Bulletin d’acquisition : Mai-Juin-Juillet 2022

21 juillet 2022 | Veille biblio

Nouveaux ouvrages sur l’allaitement : Mai-Juin-Juillet 2022

Liste des nouveautés

De nouveaux documents (revues et livres) sur l’allaitement maternel sont disponibles.

Couverture du bulletin d'acquisition de juillet 2022

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Autres prêts disponibles sur notre base de données  ou dans nos ressources en ligne (sur demande).

Publié par : J.C., Documentaliste IPA.
couverture du livre Why Inflant Reflux Matter

Regard d’une consultante en lactation IBCLC sur l’ouvrage « Why Infant Reflux matters »

21 juillet 2022 | Veille biblio

Nous vous présentons ce livre par Carol Smyth , IBCLC anglaise, concernant la prise en charge du reflux gastro œsophagien (RGO) chez le nourrisson (notamment en cas d’allaitement) aux éditions Pinter et Martin.

Dans une première partie très détaillée, l’autrice nous présente ce qu’est le RGO: l’anatomie du reflux,  la différence entre régurgitations dûes à un trop-plein et reflux pathologique douloureux, le rôle de l’acidité gastrique, les traitements médicamenteux et leurs effets secondaires, l’influence des repas de bébé sur le reflux, les symptômes du reflux et leur diagnostic différentiel .

La seconde partie est consacrée aux parents : un pas-à-pas pour déterminer si leur bébé a vraiment un reflux pathologique, et des propositions s’il s’agit d’un autre problème.

 

Les éléments anatomiques et physiologiques  sont rappelés, notamment:

le trop-plein et les mouvements de pression sur l’estomac (par exemple lors du change) peuvent générer des remontées de lait de l’estomac, remontées qui ne sont pas forcément acides et douloureuses.

la différence de profil d’acidité gastrique entre les adultes (qui mangent de la nourriture solide) et des bébés dont le régime principal est le lait (aliment « tampon »)

En effet, l’acidité est moins importante chez le nourrisson que chez l’adulte, de manière physiologique. Le lait est un aliment « tampon » qui augmente le ph de l’estomac (donc réduit l’acidité).

Le lait maternel se digère très rapidement : des tétées fréquentes permettent de maintenir un ph supérieur à 4 (On considère qu’il faut pH inférieur à 4 pour avoir un reflux acide). Par contre, le fait d’espacer les tétées entraîne une baisse du ph dans l’estomac.

En cas de RGO avéré, c’est pour cela que l’on propose de fréquentes petites tétées plutôt que d’espacer les tétées.

➔ Les cellules de l’œsophage sont bâties pour supporter des ph très acides: Lorsque  l’on a fait couler de l’acide chlorhydrique de ph=1 dans l’œsophage de volontaires sains (test de Bernstein), il n’y a pas de douleurs.

Les cellules de la paroi de l’œsophage sont capables de se protéger par différents mécanismes: sécréter du bicarbonate (alcalin) en réponse à l’acidité pour tamponner cette acidité, excréter activement l’acide, ou absorber de l’eau pour le diluer.

Par contre, si les cellules de la paroi de l’œsophage sont abîmées et ne sont plus jointes  : les remontées liquides provenant de l’estomac seront douloureuses. La filaggrin est une protéine qui « cimente »  les cellules de la paroi de l’œsophage entre elles. Si cette filaggrin est présente en faible quantité: il y a plus de risques de souffrir des remontées acides. On observe des taux faibles de cette protéine en cas d’allergie alimentaire, d’eczéma, rhume des foins et asthme.

➔ le rôle de l’acide gastrique dans la digestion (décomposition des aliments dont les composants seront absorbés lors de la digestion), mais aussi pour protéger des bactéries néfastes pour l’organisme. Ainsi, un traitement anti-reflux peut augmenter le risque infectieux chez le nourrisson.

L’autrice remet donc en cause la « théorie de l’acidité » sur laquelle se basent les traitements anti-reflux, parce qu’en cas d’allaitement à la demande , avec des tétées fréquentes, le contenu de l’estomac ne sera pas forcément très acide.

 

Elle revient ensuite sur les critères d’efficacité parfois mitigés de ces médicaments, et les potentiels effets indésirables des différents traitements, notamment:

  • L’impact négatif sur l’appétit des alginates type Gaviscon, à prendre en compte si déjà la prise de poids de l’enfant est problématique
  • Le risque de fracture et d’infections avec les suppresseurs d’acidité (inhibiteurs de la pompe à protons ou anti H2)

Les différents signes cliniques du RGO pathologique sont rappelés: les pleurs importants (détresse marquée), l’apnée, l’enrouement, les difficultés inexpliquées pour s’alimenter, otites, infections respiratoires basses, difficultés de croissance, toux chronique, érosion dentaire, asthme. Le NICE (organisme anglais équivalent à la HAS) estime qu’il faut 2 symptômes chez le bébé pour investiguer un RGO.

L’autrice explique que dans sa pratique, la plupart des bébés auxquels on prescrit un traitement anti-reflux ont pour symptômes: une détresse marquée et des difficultés de croissance ou pour s’alimenter, qui sont des signes qui peuvent avoir d’autres causes liées à des difficultés d’allaitement ou à la physiologie de l’enfant et son environnement.

Les pleurs, le fait que le bébé se cambre en arrière, soit agité lors de la tétée, refuse de dormir sur le dos, se réveille lorsqu’on le pose, …. Tous ces « signes » sont parfois considérés comme résultants d’un RGO pathologique  alors qu’ils peuvent être dus à des difficultés d’allaitement (faim, tétées trop espacées, réflexe d’éjection fort, surcharge en lactose…) ou  correspondre à un autre besoin de l’enfant : besoin de changer d’environnement, de « nourriture sensorielle » .

L’autrice évoque également le cercle vicieux du stress de la maman et la contagion émotionnelle, et surtout, en filigrane tout au long du livre: le besoin de contact du petit mammifère.

La « surmédicalisation » de situations par ailleurs  normales est problématique: notre regard culturel occidental exige de l’enfant un comportement qui n’est pas possible d’un point de vue biologique…. un bébé qui se réveille lorsqu’on le pose, mais qui dort très bien allongé sur le dos dans les bras de sa maman n’a pas un reflux douloureux: il a besoin des bras de sa mère.

 

J’ai donc beaucoup apprécié ce livre:

  • Parce que Carol Smyth nous rappelle tout au long de l’ouvrage quelle est la norme biologique chez le bébé (être porté, être nourri très fréquemment,.…) . Elle redéfinit clairement la physiologie et la pathologie en ce qui concerne le RGO. Et elle interroge la tendance actuelle dans les pays industrialisés à interpréter des comportements normaux du nourrisson sous une loupe médicale et à proposer des traitements médicamenteux plutôt qu’accompagner les parents dans la découverte de leur enfant.
  • Parce qu’il comporte de nombreuses références scientifiques de qualité.
Ce livre est disponible sur demande chez IPA. Voir les conditions de consultation au Centre de Ressources CERDAM d’IPA 
Présentation française par Elise Armoiry, Consultante en lactation IBCLC

Pour aller plus loin  :

Publié par : JC, Documentaliste IPA. 

Présentation de l’ouvrage « Breastfeeding Answers » par une consultante en lactation IBCLC

01 juillet 2022 | Veille biblio

Regard d’une professionnelle sur l’ouvrage « Breastfeeding Answers » (Nancy Mohrbacher)

Lorsque l’on pense à un livre de référence sur l’allaitement en anglais, il y a différents titres qui viennent à l’esprit: Breastfeeding Atlas, ou encore Human Lactation (qui sont disponibles au CERDAM par ailleurs).

Le dernier en date que nous vous proposons est Breastfeeding Answers , de Nancy Mohrbacher.

L’auteur est une consultante en lactation IBCLC, mais aussi auteur de différents ouvrages .

Ce livre reprend énormément de questions utiles dans la pratique clinique de la consultante en lactation, et apporte des réponses sourcées avec la description des études publiées sur chaque thème.

Il y a toute une partie sur les positions naturelles et l’approche de l’auteur sur cette thématique (puisqu’elle réalise par ailleurs des vidéos afin d’expliquer cette approche aux parents).

Différents chapitres sur les difficultés de l’allaitement: prise de poids, douleurs de l’allaitement, mastite, hyperlactation, bébé prématuré,…

Également des chapitres sur la reprise du travail, la conservation du lait, la relactation, l’induction de lactation.

Notons une partie très pratique concernant le matériel de l’allaitement, du bout de sein, à la balance, en passant par le tire-lait, etc.

Quelques  autres exemples pour vous donner envie de le lire:

  • Comparaison des différents biberons et tétines et explication des études sur l’impact des biberons sur l’allaitement
  • La gestion des crevasses et les silverettes: il y a la description des études existantes à ce sujet
  • Un chapitre sur la chirurgie mammaire,
  • Allaiter en cas de maladie chez la mère (depression post-natale, cancer, diabète, etc): chapitres très complets reprenant les possibilités thérapeutiques

 

En résumé il s’agit d’un ouvrage de référence qui permet de répondre aux questions quotidiennes de pratique clinique de manière très rapide et efficace, et également de préparer l’examen IBCLC.

Les adhérent·es de l’association peuvent emprunter ce livre gratuitement sur simple demande partout en France (frais d’envois aller-retour à notre charge).

 

Ce livre est disponible sur demande chez IPA. Voir les conditions de consultation au Centre de Ressources CERDAM d’IPA 
Présentation française par Elise Armoiry, Consultante en lactation IBCLC
Publié par : JC, Documentaliste IPA. 

La pénurie de lait artificiel aux États-Unis

Les scandales alimentaires se succèdent, entre le chocolat à Pâques, la charcuterie, et les pizzas surgelées ayant fait l’objet de rappels de lots.

Aux États-Unis, c’est une situation très compliquée qui est en cours, suite à la fermeture d’une usine de fabrication de lait industriel en poudre en raison d’une possible contamination bactériologique qui aurait conduit à l’hospitalisation et au décès de 2 enfants . A cela s’ajoutent d’autres difficultés : concernant  la chaîne d’approvisionnement, et le manque de personnel durant l’épidémie de Covid notamment (1).

Résultat : une rupture de stock massive, correspondant à environ 40 % des stocks nationaux: les rayons des magasins sont vides, et certains parents se retrouvent à faire des heures de trajet pour trouver la marque de lait (parfois des laits pour besoins spécifiques, tels que des allergies aux PLV) dont a besoin leur enfant, à payer des sommes astronomiques pour une boite de lait (130 dollars pour 4 boîtes sur ebay), ou bien à trop diluer la poudre qu’ils ont en stock pour faire durer la boîte. Les magasins limitent le nombre de boites par famille, les photos des rayons vides sont diffusées…

Des recettes de « lait fait maison » apparaissent sur la toile.

La FDA (Food and Drug Administration ) déconseille l’utilisation de préparations maison, en raison du risque de contamination, mais aussi de déséquilibre nutritionnel , les formules maison pouvant présenter des carences en nutriments essentiels. Ainsi, plusieurs enfants ont dû être hospitalisés pour hypocalcémie (2,3). De même, diluer la poudre avec un volume d’eau plus important que celui recommandé par le fabricant entraine une dilution des nutriments et expose l’enfant à des problèmes de croissance et un possible déséquilibre nutritionnel (3)

Dans ce contexte, l’International Lactation Consultant Association (4) et l’Academy of breastfeeding médecine (5) mentionnent les options à considérer avec les parents :

  • Pour les femmes enceintes, prendre en compte cette pénurie de lait lors du choix sur le mode d’alimentation de l’enfant,
  • Concernant le lait industriel en poudre, envisager une marque alternative si la santé de l’enfant le permet,
  • Ne pas donner de lait de vache à un enfant de moins de 1 an (risque de carence en Fer) ou de manière exceptionnelle après validation du pédiatre à partir de 6 mois
  • En cas d’allaitement mixte, envisager d’augmenter la production de lait maternel,
  • En l’absence d’allaitement : envisager une relactation si c’est possible, c’est-à-dire redémarrer la production de lait maternel après une période d’interruption,
  • En cas d’allaitement maternel exclusif, envisager de donner son lait en cas de production abondante.

Le cas du don informel de lait maternel est également envisagé.

Sur les réseaux sociaux, la polémique biberon ou allaitement est repartie de plus belle. Les mères qui n’allaitent pas se retrouvent désemparées par la situation, et à leur désespoir s’ajoute alors une culpabilisation personnelle et/ou par d’autres personnes vis à vis de leur choix initial de ne pas allaiter, au regard des difficultés actuelles. A contrario certains s’insurgent que l’on puisse voir l’allaitement comme une éventuelle réponse à ces ruptures de stock (6), les recommandations concernant les solutions de nutrition infantile en situation d’urgence étant peu connues du grand public. Évidemment l’allaitement n’est pas toujours possible, à cause des conditions de la reprise du travail , ou à cause de conditions médicales spécifiques (physiques ou psychologiques) des mères ou des enfants. Dans certains cas, le recours au lait artificiel n’est pas seulement un choix, mais bien une nécessité. Dans tous les cas, cette crispation sur la dualité du choix et de la responsabilité des mères envenime cette situation critique, et détourne l’attention de la problématique de la vulnérabilité et la dépendance vitale des mères et des enfants face à une industrie lucrative mais défaillante.

Les principales personnes impactées par cette pénurie de lait artificiel sont les personnes d’origine modeste ou ayant besoin d’un lait spécial en raison d’une pathologie. Aux États-Unis, près d’un bébé sur 5 prendra du lait artificiel dans ses deux premiers jours de vie, et à 3 mois moins de 50% des enfants sont allaités exclusivement. Les personnes vivant dans la pauvreté, notamment, issues des communautés noires, hispaniques, asiatiques ou indiennes américaines sont les plus à risque de dépendre du lait artificiel (7). Ce sont les personnes à salaire minimum qui sont le moins dans la capacité de prendre un congé parental ou d’avoir les possibilités de tirer leur lait au travail.

Les banques alimentaires et des programmes associatifs travaillent pour procurer différentes marques de lait artificiel à ces populations.

Le gouvernement américain (8) évoque différentes possibilités pour limiter cette pénurie, notamment en simplifiant les lignes de production (proposer une seule taille de boites au lieu de plusieurs), en signalant et s’attaquant aux hausses abusives des prix, ou en augmentant les importations.

Une autre option proposée par certains (5, 7, 9) pour réduire la dépendance au lait artificiel serait la mise en place de politiques de soutien à l’allaitement maternel, par exemple en revoyant la durée du congé de maternité/congé parental, en envisageant un soutien plus important des mères qui reprennent le travail et souhaitent allaiter, ou encore en assurant un accès aux professionnels de la lactation et un remboursement de leur soins.

Comme l’indique D. Scott (6): « la pénurie de préparations pour nourrissons est plutôt un autre exemple extraordinaire des échecs du système de santé américain, le pays le plus riche du monde luttant pour fournir une nutrition de base à bon nombre de ses nourrissons. »

Références :

  1. Eloise Barry. Article du Time. Why It’s So Hard to Find Baby Formula in the U.S. Right Now. Consulté le 14/05/2022. Disponible ici 
  2. Food and Drug Administration. FDA advises parents and caregivers not make or feed homemade infant formulas to infants. Consulté le 14/05/2022 Disponible ici
  3. Dr Steven A Abrams. Is Homemade Baby formula safe. Consulté le 14/05/2022. Disponible ici 
  4. International lactation Consultant Association. ILCA’S statement on commercial infant milk formula shortage. Consulté le 14/05/2022. Disponible ici
  5.  Academy of breastfeeding Medicine. ABM statement on shortage of Breast Milk substitutes. Consulté le 15/05/2022 et disponible ici
  6. Elise Solé.Today. Is breastfeeding ‘free’? Baby formula shortage spotlights myths about feeding babies .  Consulté le 14/05/2022 et disponible ici
  7. D Scott. Vox. Why baby formula is in short supply — and who is most at risk. Consulté le 15/05/2022 et disponible ici
  8. The White House. FACT SHEET: President Biden Announces Additional Steps to Address Infant Formula Shortage. Consulté le 15/05/2022 et disponible ici
  9. Dr Steven Abrams. The Conversation. What’s behind the US infant formula shortage – and how to make sure it doesn’t happen again . Consulté le 14/05/2022 et disponible ici
Rédigé par Elise Armoiry, Consultante en lactation IBCLC

Pour aller plus loin

Publié par : JC, Documentaliste IPA.