Regard sur ouvrage White Blood par une consultante en lactation IBCLC

28 mai 2024 | actu Veille biblio

Nous vous présentons l’ouvrage White Blood, reçu récemment au CERDAM. L’auteur est Lawrence Trevelyan Weaver, gastropédiatre et historien écossais.

Cet ouvrage envisage le lait humain sous différents aspect avec un regard chronologique et historique :

  • l’aspect vital, comme le sang: le lait apporte au bébé tous les éléments nécessaires pour survivre et être nourri
  • la transformation du lait: de sa production, à sa digestion et son métabolisme
  • l’aspect nutritionnel
  • la morbidité liée à l’absence de lait maternel pour le bébé

Dans une première partie l’auteur décrit en détail la composition du lait maternel et ses propriétés immunologiques, avec une comparaison du lait humain et de celui d’autres mammifères.

 

Il explique que le lait était décrit comme du “sang blanc” à l’époque de l’antiquité, que l’apparition des dents chez le bébé sonnait le début du sevrage, et  l’importance du choix d’une bonne nourrice en bonne santé et de bon caractère ( puisque le lait avait également le pouvoir de recueillir l’humeur de la nourrice).

 Il explique aussi l’approche des religions vis à vis du lait maternel , que ce soit l’Islam qui préconise 2 ans d’allaitement , ou le Christianisme qui qualifie l’allaitement d’”occupation sacrée” et le lait maternel”d’amour de Dieu”.

Puis l’auteur envisage l’approche des premiers scientifiques et chimistes, lors de l’apparition du microscope par exemple ou de la théorie de l’acidité. En 1689, Walter Harris, médecin anglais, considérait que les coliques étaient dues à l’acidité et proposait des décoctions anti-acide (on n’a rien inventé en fait avec les IPP!)

 Les nourrices anglaises de cette époque donnaient de l’alcool et des opiacés aux bébés pour les tenir tranquilles, et les nourrissaient de gruaux et céréales, entraînant de nombreux décès. Il y avait également la transmission de la syphilis qui était alors endémique, et les nourrices participaient à la contamination des enfants.

L’auteur explique le challenge rencontrés par les orphelinats des années 1700 pour nourrir les enfants et l’importance à nouveau de l’allaitement par les nourrices, et l’augmentation du taux de survie des enfants nourris au lait maternel en comparaison avec ceux nourris avec des bouillies de pain et lait de vache. 

L’auteur revient sur l’organisation des nourrices en  France en 1730 avec 9000 bébés envoyés à la campagne chez une nourrice, et comment le  retour du bambin, sevré, propre, et marchant était célébré. Un tiers des bébés mouraient toutefois chez la nourrice. 

L’auteur décrit les bouillies et autres aliments donnés aux bébés à la place du lait maternel, causant diarrhées, selles vertes, et entraînant une mort prématurée .

Il explique l’arrivée des “hommes de science” sur les accouchements et les soins du bébé avec le matériel ( forceps, biberons, bouts de sein en argent), au grand désarroi des sage-femmes, l’arrivée des premiers ouvrages de pédiatrie et la médicalisation de la nutrition infantile. On y décrit l’ importance d’allaiter, et en cas d’impossibilité de recourir à une nourrice dont il faudra tester le lait. Et enfin en l’absence de nourrice, l’usage de lait de chèvre ou de vache dilué et sucré administré dans une corne reliée à une peau de mamelon de vache ( l’ancêtre du biberon). 

On découvre les débuts de la pédiatrie, avec les pesées à la naissance pour distinguer les enfants viables ou non, et le développement de l’intérêt pour les maladie des enfants et leur traitement, et… la création du lait artificiel par modification du lait de vache, de chèvre ou d’ânesse (notamment en cas de diarrhée) avec addition de divers éléments: farine, extrait de boeuf, malt…Liebig, puis Nestlé… Ainsi que le développement de la santé publique,  la problématique des taux de mortalité supérieur des enfants par rapport aux adultes, la découverte de l’hygiène, des risques liés au lait de vache cru, aux biberons difficiles à nettoyer ..

L’utilisation des balances, et les premières courbes de poids, l’encouragement de l’allaitement maternel, la mortalité infantile élevée en raison d’une nutrition inappropriée.

Et finalement après la  première guerre mondiale et l’apparition du lait en poudre, le développement à large échelle  des biberons et lait artificiels “pratiquement identiques au lait maternel” comme le mentionne Nestlé, et l’engouement pour ces préparations pour nourrissons qui à première vue permettent aux bébés d’aussi bien grandir. On arrive ensuite à l’histoire que tout le monde connait…

 

En conclusion, j’ai trouvé ce livre, qui montre l’importance du lait maternel à travers les siècles, passionnant.

 

Rédaction par Elise Armoiry, Dr en Pharmacie et consultante en lactation IBCLC

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