Association entre la durée de l’allaitement maternel et le développement neurodéveloppemental de l’enfant : une étude de cohorte nationale en Israël
L’allaitement maternel est largement reconnu pour ses bienfaits sur la santé infantile, mais son lien avec le développement neurodéveloppemental reste débattu en raison de nombreux facteurs confondants. Cette étude de cohorte rétrospective israélienne, portant sur plus de 570 000 enfants, a examiné l’association entre la durée de l’allaitement (exclusif ou non) et l’atteinte de jalons développementaux, ainsi que la survenue de troubles neurodéveloppementaux (TND).
La période de la petite enfance représente une fenêtre critique pour favoriser le développement cognitif et social. Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un allaitement exclusif pendant les six premiers mois de vie, les preuves empiriques liant cet allaitement à de meilleurs résultats développementaux demeurent incertaines, souvent entachées de biais de confusion. Cette étude visait à estimer l’association indépendante entre la durée et l’exclusivité de l’allaitement maternel et le développement neurodéveloppemental chez les enfants israéliens nés après 35 semaines de gestation.
Méthodes :
Les données ont été extraites du système national israélien de suivi pédiatrique combiné avec les registres de prestations d’invalidité de l’assurance sociale. L’étude incluait des enfants nés entre 2014 et 2020, sans morbidité sévère, ayant eu au moins une visite de surveillance entre 2 et 3 ans. Les analyses statistiques ont utilisé des modèles de régression multivariée, des appariements sur covariables, et une approche intrafamiliale sur 37 704 paires de frères et sœurs.
Résultats :
Parmi les 570 532 enfants inclus, ceux allaités au sein pendant au moins six mois présentaient significativement moins de retards de développement du langage, social ou moteur. Les odds ratios ajustés étaient de 0,73 (IC à 95 %, 0,71-0,76) pour les enfants allaités exclusivement, et de 0,86 (IC à 95 %, 0,83-0,88) pour les allaitements non exclusifs ≥6 mois. Les analyses intrafamiliales ont confirmé ces résultats : les enfants allaités ≥6 mois avaient un risque réduit de TND (OR = 0,73 ; IC à 95 %, 0,66-0,82) comparativement à leurs frères ou sœurs moins allaités.
Discussion :
Les résultats montrent une association robuste entre une durée plus longue d’allaitement et un développement plus favorable, en particulier dans les domaines langagiers et sociaux. Aucune différence significative n’a été retrouvée pour les troubles moteurs rares. L’effet protecteur de l’allaitement semble indépendant du niveau socio-économique ou du terme de naissance, et se maintient même après ajustement pour des facteurs familiaux non mesurés grâce aux analyses sur les fratries.
Conclusion :
Cette vaste étude populationnelle fournit des preuves solides soutenant les recommandations actuelles en faveur de l’allaitement prolongé. Elle renforce l’importance des politiques de santé publique et des interventions périnatales visant à soutenir l’allaitement comme levier pour promouvoir le développement optimal de l’enfant.
Référence :
Goldshtein I, Sadaka Y, Amit G, et al. Breastfeeding Duration and Child Development. JAMA Network Open. 2025;8(3):e251540. doi:10.1001/jamanetworkopen.2025.1540