L’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de vie est reconnu comme un facteur essentiel pour la santé, la croissance et la survie du nourrisson. Cependant, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), seuls 39 % des bébés dans les pays en développement bénéficient d’un allaitement exclusif jusqu’à six mois, loin de l’objectif mondial fixé à 50 % d’ici 2025.

Dans ce contexte, une équipe de chercheurs dirigée par Mehri Kalhor (Université Shahid Beheshti, Iran) a publié en 2025 une revue systématique et méta-analyse portant sur les facteurs prédictifs de l’allaitement maternel exclusif. Cette étude, la plus complète à ce jour sur le sujet, apporte des éléments concrets pour améliorer les pratiques d’accompagnement des mères.

Une étude de grande ampleur

Les auteurs ont analysé 38 études publiées entre 2000 et 2023, regroupant au total plus de 70 000 mères à travers le monde (Asie, Afrique, Europe et Amérique).
Les travaux ont été conduits selon les standards méthodologiques PRISMA et enregistrés dans la base PROSPERO (CRD42023483049), garantissant leur qualité scientifique.

Les chercheurs ont identifié sept grandes catégories de facteurs influençant la réussite de l’allaitement exclusif :

• la connaissance des bénéfices de l’allaitement,

• le soutien familial et social,

• l’initiation précoce de l’allaitement (moins de 24 heures après la naissance),

• le niveau d’éducation de la mère,

• la situation économique du foyer,

• l’âge maternel et la parité,

• la qualité du suivi prénatal et postnatal.

Les principaux résultats

Les résultats montrent que la connaissance des bienfaits de l’allaitement est le facteur le plus déterminant : une mère bien informée a presque trois fois plus de chances d’allaiter exclusivement son enfant.

Le soutien familial et social apparaît également comme un levier essentiel : les mères bénéficiant d’un entourage favorable (conjoint, famille, professionnel de santé) ont deux fois plus de probabilité de poursuivre un allaitement exclusif.

Le début de l’allaitement dans les 24 heures suivant la naissance favorise également cette pratique, de même qu’un niveau d’éducation élevé, qui améliore la compréhension et l’application des conseils de santé.

Les mères multipares, ayant déjà eu au moins un enfant, allaitent plus souvent exclusivement, sans doute grâce à leur expérience antérieure.

Les conditions économiques favorables augmentent aussi les chances d’un allaitement exclusif, en lien avec un meilleur accès à l’information et aux soins. Enfin, les accouchements par voie basse facilitent la mise au sein précoce et sont associés à une meilleure réussite de l’allaitement.

À l’inverse, un suivi prénatal insuffisant ou une reprise trop rapide du travail après l’accouchement réduisent significativement la durée et l’exclusivité de l’allaitement.

Ce que cela change pour la pratique

Pour les professionnels de santé, ces résultats confirment l’importance d’une approche globale et proactive. Il est essentiel de :

• renforcer l’éducation des mères pendant la grossesse sur les bénéfices et les techniques de l’allaitement ;

• encourager la mise au sein dans la première heure de vie, conformément aux recommandations des programmes IHAB « Initiative Hôpital ami des bébés » ;

• impliquer le conjoint et la famille dans le soutien à la mère ;

• adapter l’accompagnement en tenant compte des conditions sociales, économiques et culturelles ;

• promouvoir des politiques de santé favorables à la maternité, comme des congés suffisants et un environnement professionnel adapté.

Selon la co-auteure de l’étude, le Dr Masoumeh Simbar, « l’allaitement exclusif n’est pas seulement un choix individuel, mais le résultat d’un environnement éducatif, social et médical favorable ».

En résumé

Cette méta-analyse confirme que la réussite de l’allaitement maternel exclusif dépend de facteurs à la fois personnels et structurels : le savoir, le soutien et les conditions sociales.
Améliorer la formation des mères, l’accompagnement familial et la qualité des soins prénatals représente donc un levier majeur pour augmenter les taux d’allaitement exclusif et, par conséquent, améliorer la santé et le développement des enfants dans le monde.

Référence

Kalhor M., Yazdkhasti M., Simbar M., et al. (2025). Predictors of exclusive breastfeeding: a systematic review and meta-analysis.
International Breastfeeding Journal, 20:52.

Mots clés : allaitement, savoir co-conjoint, social, soutien