Rôle des oligosaccharides du lait maternel dans l’allergie
L’article intitulé « Rôle des oligosaccharides du lait maternel dans l’allergie », rédigé par Carole Brosseau et Marie Bodinier du Centre INRAE des Pays de la Loire, explore le lien entre l’allaitement maternel et la prévention des allergies.
Les allergies touchent aujourd’hui 30 à 40 % de la population mondiale, et cette prévalence ne cesse d’augmenter. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que d’ici 2050, une personne sur deux sera allergique. Face à cette situation préoccupante, les chercheurs s’intéressent de plus en plus aux stratégies de prévention. Parmi elles, les oligosaccharides du lait maternel (Human Milk Oligosaccharides – HMOs) se démarquent comme des molécules aux effets potentiellement bénéfiques sur le microbiote intestinal et la tolérance immunitaire.
Dans cette étude, les auteurs font le point sur les connaissances actuelles concernant le rôle des HMOs dans la prévention des allergies. Ils s’appuient sur des modèles expérimentaux précliniques et des études cliniques pour évaluer leur impact sur le développement des pathologies allergiques, ouvrant ainsi des perspectives prometteuses pour la prise en charge des nourrissons à risque.
Les allergies représentent un enjeu de santé majeur, touchant 30 à 40 % de la population mondiale. L’OMS estime que d’ici 2050, la moitié de la population sera allergique. Ces pathologies sont liées à un dysfonctionnement du microbiote, des muqueuses et du système immunitaire, entraînant une altération de la tolérance immunitaire.
Les oligosaccharides du lait maternel (HMOs) constituent une piste prometteuse pour la prévention des allergies. Troisième composant principal du lait maternel après les protéines et les lipides, ils possèdent plusieurs fonctions :
- Modulation du microbiote intestinal, favorisant la croissance de bifidobactéries bénéfiques.
- Renforcement de la barrière intestinale en empêchant l’adhésion des pathogènes.
- Régulation du système immunitaire, favorisant un environnement tolérant aux allergènes.
Évidences précliniques et cliniques
Des études sur des modèles animaux ont montré qu’une supplémentation postnatale en 2’-fucosyllactose (2’FL) pouvait :
- Réduire les symptômes allergiques (ex. : diarrhée, hypothermie).
- Diminuer les mastocytes intestinaux et augmenter les lymphocytes T régulateurs.
- Prévenir l’allergie alimentaire en réduisant les IgE spécifiques et en augmentant les cytokines anti-inflammatoires (IL-10, TGF-β, IFN-γ).
Chez l’humain, les résultats sont encore controversés. Certaines études suggèrent un effet protecteur des HMOs contre les allergies alimentaires et respiratoires, tandis que d’autres montrent une corrélation entre certains HMOs et une sensibilisation accrue.
Perspectives pour la pratique clinique
Une étude inédite a évalué l’effet d’une supplémentation anténatale en HMOs chez la souris, révélant une réduction des symptômes allergiques et une meilleure tolérance immunitaire chez la descendance. Bien que ces résultats soient prometteurs, des essais cliniques contrôlés sont nécessaires pour confirmer leur efficacité chez l’humain.
Implications pour les professionnels de santé
- Sensibiliser les parents à l’importance du lait maternel dans la prévention des allergies.
- Encourager l’allaitement maternel comme levier de modulation du microbiote et du système immunitaire infantile.
- Suivre les avancées sur l’utilisation des HMOs en supplémentation prénatale et postnatale pour prévenir les allergies.
L’intégration des HMOs dans la prise en charge des allergies représente une perspective encourageante, nécessitant toutefois des études cliniques approfondies pour valider leur efficacité.
Etude à lire ici.