Soutien à l’allaitement des nourrissons prématurés : Leçons tirées des enquêtes britanniques de 2010 à 2020
Ilana Levene, Sian Harrison, Fiona Alderdice et Maria A. Quigley ont publié une étude intitulée « Breastfeeding trajectories for preterm infants over the first 6 months of life in England 2010–2020: surveys using large representative birth samples« dans le BMJ Paediatrics Open en 2024. Cette recherche examine l’évolution des trajectoires d’allaitement des nourrissons prématurés au cours des six premiers mois de vie, en s’appuyant sur des données issues de grandes enquêtes représentatives menées en Angleterre.
Le lait maternel est reconnu comme la nutrition optimale pour les nourrissons, en particulier pour les prématurés. Les résultats d’alimentation des nourrissons prématurés sont souvent rapportés à la sortie de l’hôpital, mais il existe peu de données sur les mois suivants et leur comparaison avec les nourrissons nés à terme. Les nourrissons prématurés, notamment ceux nés avant 34 semaines d’âge aménorrhées (sa), rencontrent des difficultés d’alimentation qui évoluent avec la gestation. Les nourrissons nés tardivement (34-36 sa) souffrent également de problèmes médicaux tels que la jaunisse et l’hypoglycémie, pouvant entraver l’allaitement.
Contexte et Objectifs
Des enquêtes nationales, telles que l‘Infant Feeding Survey 2010 et les National Maternity Surveys 2018 et 2020, fournissent des informations sur l’alimentation des nourrissons au Royaume-Uni. La National Maternity Survey 2020, réalisée pour explorer l’impact de la pandémie de SARS-CoV-2 sur les expériences périnatales, offre une occasion d’évaluer comment la pandémie a influencé les trajectoires alimentaires des prématurés. L’objectif de cette étude est de décrire les trajectoires alimentaires des nourrissons prématurés au cours des six premiers mois de vie, en les comparant à celles des nourrissons nés à terme et en examinant les différences entre les périodes prépandémiques et pandémiques.
Méthodologie
Les données ont été extraites de trois enquêtes, chacune ayant ses propres caractéristiques méthodologiques. Les enquêtes ont demandé des informations sur l’allaitement, y compris l’allaitement direct et l’administration de lait maternel exprimé. La durée médiane d’allaitement et d’allaitement exclusif a été analysée pour chaque période d’enquête. Des statistiques descriptives pondérées ont été utilisées pour rapporter les caractéristiques de base et la prévalence de l’alimentation infantile à différents moments.
Résultats
Caractéristiques Démographiques
Au fil du temps, les participantes étaient en moyenne plus âgées et moins susceptibles d’avoir fumé pendant la grossesse. La proportion de nourrissons nés avant 34 sa a légèrement augmenté dans les enquêtes ultérieures, tandis que la proportion de nourrissons tardivement prématurés est restée stable.
Résultats Alimentaires
Les résultats montrent que les nourrissons tardivement prématurés avaient de moins bons résultats en matière d’allaitement par rapport aux nourrissons nés à terme en 2010, mais cette inégalité a été réduite ou éliminée en 2018. Cependant, en 2020, durant la pandémie, cette inégalité est réapparue avec des taux d’allaitement plus bas pour les nourrissons tardivement prématurés.
- En 2010 :
- Moins de chances d’être allaités (RR ajusté 0.84).
- Moins susceptibles d’être exclusivement allaités (RR ajusté 0.47).
- En 2018 :
- Pas de différence significative par rapport aux nourrissons nés à terme.
- En 2020 :
- Taux d’allaitement exclusif encore plus bas (RR ajusté 0.53).
Courbes de Survie
Les courbes de survie ajustées montrent que les nourrissons tardivement prématurés avaient un risque relatif plus élevé d’arrêter l’allaitement exclusif dans toutes les périodes examinées, soulignant leur vulnérabilité accrue.
Discussion
Cette analyse met en évidence que bien que des progrès aient été réalisés entre 2010 et 2018 pour réduire l’inégalité des résultats d’allaitement chez les nourrissons tardivement prématurés, ces avancées ont été largement inversées en 2020. Les résultats indiquent que le soutien accru à l’allaitement pourrait avoir contribué à ces améliorations observées avant la pandémie. Cependant, le retour à une inégalité marquée durant la pandémie souligne la nécessité d’un soutien accru pour cette population vulnérable. Les mères de nourrissons prématurés ont signalé moins de soutien professionnel pour l’allaitement pendant cette période critique.
Conclusion
Les nourrissons prématurés représentent une population particulièrement vulnérable qui nécessite une attention spécifique lors des crises environnementales. L’amélioration des résultats d’alimentation pour ces nourrissons est possible avec un soutien adéquat, comme le montre la réduction des inégalités observée entre 2010 et 2018. Il est essentiel que dans le cadre des futures urgences sanitaires ou catastrophes naturelles, des ressources supplémentaires soient allouées pour soutenir l’établissement de l’allaitement chez ces nourrissons. Des analyses supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement les raisons derrière ces améliorations observées en 2018 et évaluer si ces résultats se sont stabilisés ou non depuis lors.
Lien de l’étude :