Présentation de l’ouvrage “ Safe Sleep”, de James Mc Kenna, anthropologue américain et spécialiste de la prévention de la Mort Inattendue du Nourrisson (MIN)

14 décembre 2023 | actu Veille biblio

Avis d’une consultante en lactation IBCLC sur un ouvrage qui a pour thème le cosleeping.

Dans cet ouvrage, l’auteur nous explique pourquoi la proximité du petit humain et de sa mère, jour et nuit, est primordiale après la naissance. Le petit humain naît immature, et le lait maternel a une composition nécessitant des tétées fréquentes et un contact rapproché.

Il revient également sur la culture du cosleeping ( partage du sommeil), et fait la distinction selon le lieu où se déroule le sommeil:

-parent et bébé sur la même surface du sommeil (bedsharing: dans le lit, ou dans le canapé, dans un fauteuil), 

– bébé sur une surface différente mais à portée de main (lit cododo),

– bébé dans un berceau dans la chambre des parents

Il donne des exemples de différents pays, et explique que chaque culture a sa façon de pratiquer le cosleeping. A Hong Kong, où le cosleeping est très fréquent, le taux de MIN est bas.

Il explique que le besoin biologique de dormir proche de son bébé est puissant, et en Amérique du nord entre 25 et 80 % des parents partagent leur lit avec bébé régulièrement.

Bien entendu, l’acceptation sociale de ces pratiques est variable en fonction des cultures.

Dans les pays industrialisés, il replace le cosleeping dans son contexte historique: il y a 500 ans, des mères de famille étouffaient leurs bébés pour contrôler la taille de la famille, puisqu’elles ne pouvaient pas nourrir toutes les bouches. L’église a donc condamné le fait de partager son lit avec le bébé. Puis avec le développement du lait industriel, et des pratiques de puériculture, avec une approche très scientifique de la maternité, on a expliqué aux parents que leur bébé devrait dormir seul, dans sa chambre. L’objectif était d’élever des enfants autonomes et indépendants, avec la croyance que l’indépendance doit débuter à la naissance.

En 1950 , avec les bébés qui dormaient sur le ventre et seuls dans leur chambre et le lait industriel, on a observé une épidémie de MIN.

L’instinct parental a donc cédé sous le poids de l’autorité médicale… et James Mc Kenna souligne que ces recommandations étaient émises par des hommes qui ne s’étaient jamais occupés de leur enfant.

L’auteur développe ensuite les bienfaits liés à la proximité physique entre le parent et le bébé et explique que l’enfant a besoin de sentir son parent pour se sentir en sécurité.

Il revient sur les politiques de santé publique qui, dans le but de prévenir la MIN, mettent en garde les parents sur le partage de la surface de sommeil avec le bébé, sans faire de distinction sur la surface utilisée (lit, canapé, fauteuil à bascule), et les facteurs de risques associés.

45-60 Millions d’années d’évolution de primates ont montré qu’une mère peut répondre aux besoins de son enfant la nuit, et selon James Mc Kenna, perpétuer l’idée que le corps de la mère représente un risque inhérent pour l’enfant est insupportable scientifiquement et également dangereux.

Il revient sur les recommandations de l’Académie américaine de pédiatrie (AAP), qui considère que tout partage de la surface de sommeil est dangereux et augmente le risque de MIN et de suffocation. Des campagnes de publicité “anti-partage du lit” sont menées…. avec un premier effet:  les parents ont honte d’aborder le sujet du partage du lit, et évitent  le sujet ou mentent aux professionnels de santé. Pour essayer de suivre les recommandations,  les études montrent que les parents sortent de leur lit et vont s’installer dans le canapé, ou un fauteuil lors des réveils nocturnes. Au risque de s’endormir, bébé dans les bras, sur une surface à risque de chute et de suffocation.

Les causes de la MIN sont décrites comme une incapacité à se réveiller d’un sommeil profond.

De la même façon qu’un bébé qui meurt dans un berceau n’est pas une victime du berceau, un bébé qui meurt dans un lit d’adulte ne meurt pas uniquement à cause de ce lieu.

Il existe des facteurs de risque spécifiques liés à l’enfant: prématurité, maladie congénitale, des facteurs de risques extérieurs: tabagisme pendant la grossesse et après, lait industriel, manque de contact corporel ou de stimulation, position ventrale pour dormir, température trop élevée, et le fait de dormir dans une chambre séparée des parents.

Les études concernant la MIN sont ensuite abordées en détail.

 Il apparait que le cosleeping permet plus d’inspections maternelles dans la nuit, plus de micro-réveils du bébé, qui se réveille par exemple lorsque la mère tousse, et avec l’odeur du lait. 

Allaiter et le cosleeping sont interconnectés biologiquement et comportementalement et l’auteur explique le concept du Breastsleeping (Dormallaitement): c’est une forme de sommeil avec partage du lit qui permet des tétées fréquentes, une stimulation de la lactation, des inspections fréquentes du bébé par la mère.Plus il y a de tétées, plus le sommeil est léger et le bébé “s’entraine” à se reveiller.

L’auteur souligne que le concept de dormir toute la nuit est une attente irréaliste , il s’agit d’un concept des cultures occidentales. Selon lui, l’idée que les bébés ont besoin d’apprendre à dormir est un mythe , une construction sociale qui menace l’allaitement et le développement des cerveaux des bébés.

James Mc Kenna explique ensuite les biais qu’il relève dans les études utilisées par l’Académie américaine de pédiatrie concernant la MIN

  • biais de diagnostic (ex: bébé qui décède dans le lit du parent mais qui dormait sur le ventre)
  • problème de récolte des données: dans certaines études épidémiologiques les données sont manquantes sur de possibles facteurs de risque: alcool, drogue, position du bébé, 
  • problème de classification des données: les localisations sont confondues: canapé, lit parental, fauteuil…
  • certains facteurs de risques associés ne sont pas pris en compte: une femme obèse dormant sur un canapé avec son bébé sera classée “partage du lit”(sans tenir compte de l’obésité),
  • les parents ont tendance à répondre “ce qui est juste”: ils cachent le fait qu’ils partagent leur lit avec bébé (qui a survécu) . En Angleterre , sur 600 mères, 46% mentent et dorment avec leur bébé « en secret », par peur des critiques ou des services sociaux.
  • l’aspect socioéconomique et les risques associés sont occultés : dans les communautés à faibles revenus, du fait du manque d’espace, le bébé peut partager le lit avec un homme qui n’est pas de la famille, avec des frères et soeurs, dans un petit lit coincé contre un mur. Ce type de partage du lit “chaotique”, par nécessité et non en tant que technique parentale, est un risque supplémentaire.

L’auteur souligne qu’ il y a donc un biais de sélection dans la revue des preuves, qui reflète les valeurs sociales individualistes et la foi en la technologie plus que dans le corps maternel. 

Pour lui, les recommandations seraient plus efficaces en étant moins rigides, et depuis les campagnes de publicité anti-partage du lit on n’a pas observé de diminution des MIN mais une augmentation.

Il argumente que les études, telles qu’interprétées par l’AAP, donnent donc une vision erronée de la problématique du risque inhérent au  partage du lit. Et il y a une contradiction dans le fait d’une part de recommander un an d’allaitement (recommandation américaine de l’AAP), et d’autre part de déconseiller vivement le partage du lit: c’est mettre les parents en situation d’échec et de culpabilité.

Finalement, l’auteur explique tous les facteurs de risques relatifs à la MIN, en fonction de la localisation du sommeil partagé (lit parental , lit cododo, canapé, …), des conditions de l’enfant (prématurité, etc) , des parents (tabagisme, tabac, alcool,).

Il propose, en cas de partage du lit parental, de renforcer au maximum la sécurité: matelas au sol, au centre de la pièce, cheveux de la mère attachés, bébé du côté de la mère qui allaite.

J’ai beaucoup apprécié les réponses à des questions spécifiques: sur l’intérêt des moniteurs de respiration, sur l’emmaillotage ou sur le partage du lit des jumeaux par exemple.

En conclusion, c’est un livre très dense, un recueil d’informations sur la prévention de la MIN et d’explications sur les mécanismes biologiques et évolutifs qui expliquent le besoin de proximité des bébés, jours et nuits. L’auteur est  très véhément sur la nécessité de rendre aux parents la liberté d’un choix éclairé concernant  l’endroit où dormira leur bébé.

Pour moi il s’agit d’un livre intéressant à lire pour tout professionnel de la périnatalité, afin de pouvoir discuter ouvertement avec les parents et les éduquer concernant les risques associés au partage du lit.

 

Glossaire

Définition de la MIN (site de Santé Publique France)

La « mort inattendue du nourrisson » (MIN) est définie comme « le décès subit d’un enfant âgé de 1 mois à 1 an jusqu’alors bien portant, alors que rien dans ses antécédents connus ni dans l’histoire des faits ne pouvait le laisser prévoir » [1]. Le décès a lieu le plus souvent durant son sommeil. Au terme d’un bilan étiologique exhaustif (anamnèse, examen du lieu de décès, examen clinique, prélèvements biologiques, imagerie, autopsie) , cette MIN peut être attribuée à une origine infectieuse, génétique, cardiaque, métabolique, traumatique, accidentelle, etc. En l’absence d’explication (environ 50 % des cas), on parle alors de mort subite du nourrisson (MSN) .

 

Rédaction: Elise ARMOIRY, Dr en Pharmacie et Consultante en Lactation IBCLC

Publication:Ll. C.

Bulletin d’acquisition : Novembre 2023

01 décembre 2023

Nouveaux ouvrages sur l’allaitement : Novembre 2023

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Publié par : L.C., Documentaliste IPA.

Proposition de loi visant à protéger et à sensibiliser à la pratique de l’allaitement maternel

03 novembre 2023 | Promotion de l'allaitement

La proposition de loi n°1775 visant à protéger et à sensibiliser à la pratique de l’allaitement maternel a été déposée à l’Assemblée Nationale le 17 octobre 2023.

Un groupe de député.e.s mené par Mme Anne-Laure Blin a rédigé une proposition de loi inspiré par une proposition de loi déjà présentée à l’Assemblée Nationale en 2021 dont l’objectif commun est de développer une stratégie adaptée qui permettra la création d’un environnement favorable au soutien des femmes et de leurs partenaires dans leur choix d’allaitement. Cette nouvelle proposition de loi s’aligne sur l’un des objectifs du Programme national nutrition santé (PNNS) qui est la promotion de l’allaitement maternel.

 

Les député.e.s constatent que malgré des bénéfices prouvés et reconnus, en France la durée d’allaitement est trop courte. Ils relèvent également les différents incidents relayés par la presse concernant l’empêchement d’allaiter son enfant dans certain lieu public et révèle combien il est important de rappeler le droit des femmes et des mères à allaiter leur enfant. Une autre ambition de cette proposition de loi est d’assurer une meilleure information sur la pratique de l’allaitement maternel.

La proposition de loi souligne trois éléments stratégiques pour le soutien de l’allaitement maternel :

  1. « Les professionnels de santé sont en première ligne pour apporter une information complète et de qualité et également inciter les mères à faire le choix de l’allaitement maternel exclusif et à le prolonger. »
  2. « La confiance de chaque mère dans sa capacité à nourrir son enfant est essentielle pour assurer un allaitement satisfaisant. »
  3. « L’environnement direct dans lequel se déroule l’allaitement par la mère est décisif. »

Les auteurs de cette proposition rappellent que l’allaitement est une liberté qui relève d’un choix personnel, parfois dans le cadre d’un projet parental d’éducation, et qu’aucune injonction extérieure ne doit restreindre cette ambition.

La proposition de loi est constituée de 12 articles qui doivent permettre de garantir cet « environnement favorable au choix d’allaitement. » Les articles portent sur la protection de l’allaitement maternel dans l’espace public, l’allaitement maternel en tant qu’élément de la politique de santé, l’allaitement maternel et la vie professionnelle, et la promotion de l’allaitement maternel.

Prochaine étape : examen de la proposition de loi par la commission des affaires sociales.

Couverture du livre 'aversion sucks"

When breastfeeding sucks : retour sur l’ouvrage de Zainab Yate

27 octobre 2023 | Veille biblio

Avis d’une consultante en lactation IBCLC sur un ouvrage qui a pour thème l’aversion au sein.

Est ce qu’on peut aimer et détester l’allaitement à la fois ? Détester être la seule à pouvoir nourrir son enfant qui refuse le biberon ? Détester être réveillée 15 fois par nuit, détester ce contact physique intense jour et nuit? 

Zainab Yate , chercheuse anglaise, conseillère en allaitement pour le National Health Service du Royaume-Uni  et fondatrice du site web Breastfeeding Aversion répond à toutes ces questions dans le livre « When breastfeeding sucks ». 

Alors que l’on connaît tous les bénéfices liés à l’allaitement et que l’on souhaite allaiter, on peut se retrouver avec l’envie puissante de décrocher son bébé du sein, ressentir une colère intense,  des émotions très négatives.

L’auteur décrit comment ces émotions peuvent survenir à tout moment d’un allaitement, de manière ponctuelle ou quotidienne voire même, à chaque tétée. Et comment on peut détester allaiter, et vouloir continuer en même temps. 

Pour cela elle nous introduit à différents concepts:

  • le toucher : habituellement le peau à peau, le contact rapproché sont censé participer à la création d’un lien intense entre la mère et son enfant. L’auteur décrit ici comment, lorsque l’enfant grandit (bambin, enfant plus âgé), l’impression d’être touchée sans donner son consentement peut survenir.
  • la maternité et l’importance de l’allaitement pour une mère, afin d’expliquer pourquoi une mère est prête à continuer à allaiter malgré ces sentiments négatifs d’aversion. L’auteur replace la maternité dans le contexte historique, expliquant qu’à présent pour être une bonne mère il faut être dévouée corps et âme à son enfant, sans soutien « d’un village », alors même que les contraintes de la vie active rendent cette équation quasiment impossible. Elle décrit une impression d’être tenue en otage, prisonnière de la relation d’allaitement.

Puis, l’auteur nous décrit les situations les plus fréquentes où on retrouve ce sentiment d’aversion : lorsque l’on allaite pendant la grossesse, durant l’ovulation, durant les règles, lorsque l’ enfant triture le mamelon, caresse le cou, bouge. La sensibilité sensorielle, la douleur persistante (vasospasme, freins de langue, etc) , l’histoire personnelle de violence ou d’abus sexuels peuvent contribuer au développement de cette aversion. L’auteur fait la distinction avec le réflexe d’éjection dysphorique, qui est une sensation qui dure simplement quelques  minutes et car les émotions ressenties sont différentes. Les femmes qui vivent cette aversion ressentent également beaucoup de honte et de culpabilité, et une grande confusion puisqu’elles ne comprennent pas elles-mêmes pourquoi elles continuent à s’infliger cela. Beaucoup pensent être seules à ressentir ces émotions et n’osent pas en parler, car c’est tellement loin de l’image dorée que l’on est censée véhiculer lorsque l’on allaite. 

Elle explique les mécanismes physiologiques qui pourraient expliquer ces émotions négatives.

L’auteur aborde aussi le thème du sevrage et à quel point il peut être compliqué de sevrer un bambin qui peut être extrêmement attaché aux tétées et entretenir cette aversion. L’auteur compare les comportements des bambins qui sont attachés à l’allaitement à ceux observés chez une personne ayant une addiction, elle explique que les bébés ont l’instinct de se nourrir au sein pour survivre mais cela devient plus une habitude qu’un besoin et que cette habitude devient quelque part une addiction qui entraîne des comportements addictifs ( ainsi l’allaitement devient indispensable pour le sommeil par exemple).

Elle s’interroge également sur la possibilité que cette aversion soit finalement un signe biologique que le sevrage est nécessaire, et elle pointe également l’énergie phénoménale que peut nécessiter un sevrage de bambin.

Elle envisage également le rôle de la société actuelle, du rythme effréné imposé aux femmes, à la fois mères, professionnelles, et le fardeau que cela représente, le manque de préparation à la réalité de la maternité, l’isolement qui peut également conduire à cette aversion lorsque l’on n’a aucun relais pour aider à la prise en charge des enfants.

 Le fait « qu’être mère n’est pas suffisant » dans notre société moderne qui nous contraint à avoir des attentes et des buts « supérieurs » (études , carrières) sans nous fournir l’aide nécessaire pour le faire, en nous mettant la pression pour allaiter. Dans cette même société on nous fait honte si on allaite en public, si on n’allaite pas, et on laisse des compagnies abuser de notre vulnérabilité en faisant un marketing de produits délétères pour la santé.

On devrait tout faire, tout avoir dans notre société individualiste: une carrière, des enfants, une vie sociale, une vie saine, une maison bien rangée, etc…  Toutes ces forces contraires, cette dissonance, peuvent, selon Zainab Yate , contribuer à l’aversion à l’allaitement.

Elle décrit également les mécanismes physiologiques de contagion du stress ,et  de co-régulation entre la mère et l’enfant. Elle souligne que l’avalanche d’informations contradictoires données aux parents après la naissance génère également du stress. Si la mère est  stressée en allaitant, le bébé peut vouloir encore plus téter car il sent cette émotion et cherche à se rassurer.

Finalement, toutes les raisons d’être stressée et anxieuse suite à la grossesse et la naissance (y compris les conditions de l’accouchement avec l’usage d’ocytocine de synthèse) peuvent favoriser l’aversion. 

Elle explore aussi l’autonomie (la liberté de choisir ) face à la responsabilité de s’occuper d’un bébé hurlant de faim, et la pression « d’être la mère idéale » promue par la société. L’allaitement « naturel » dans un monde où rien n’est naturel, ni la lumière, ni la nourriture ultra-transformée, ni les loisirs (écrans) , ni les interactions sociales (petits théâtres des réseaux sociaux où chacun se met en scène).

Les facteurs de risque de développer une aversion sont abordés en détail, et elle réalise des propositions pour surmonter l’aversion , comme par exemple résoudre les problèmes de douleurs à l’allaitement ou noter son cycle menstruel (afin de savoir quand on risque d’être touchée par l’aversion). 

En conclusion, ce livre est intéressant, et,  même s’il est basé sur une étude réalisée par l’auteur auprès de nombreuses femmes, il est teinté par l’expérience personnelle de l’auteur, et sa vision de la maternité, avec une analyse pertinente du rôle de la société moderne dans cette vision. Avec honnêteté elle nous décrit toute la noirceur de la maternité, et le droit des mères d’être imparfaites.

 À plusieurs reprises, lors de la description très détaillée des causes de l’aversion et difficultés liées à l’allaitement, on peut se faire la remarque que l’allaitement d’un bambin n’a pas à être de l’esclavagisme, et qu’une mère peut également apprendre à poser en douceur des limites à l’enfant, mais aussi, face à une situation aussi stressante chercher de l’aide pour trouver du répit et alléger le nombre de tétées (conjoint, famille, amis, associations, etc)si elle ne souhaite pas sevrer. Surtout si cela peut permettre de lui éviter de développer des sentiments négatifs vis-à-vis de l’enfant. L’auteur pointe du doigt le rôle de la société et l’isolement des mères. Finalement arrive en toute fin d’ouvrage le chapitre sur la résolution de l’aversion et enfin l’auteur conclut qu’effectivement établir des limites avec douceur dès le début est important.

C’est un ouvrage assez long et complexe à lire mais qui a le mérite d’aborder un sujet dont on ne parle jamais, et d’ouvrir la discussion pour rompre l’isolement  de mères en détresse dans leur allaitement.

 

Présentation par Elise Armoiry, Consultante en Lactation IBCLC