Optimiser la santé respiratoire de l’enfant : l’impact du microbiome et les recommandations cliniques
Une étude récente publiée dans Cell (Shenhav et al., 2024) met en évidence le rôle central de l’allaitement maternel dans la structuration du microbiome des nourrissons et son impact sur la santé respiratoire. Cette recherche, menée sur plus de 2 200 enfants, démontre que l’allaitement prolongé favorise une colonisation progressive du microbiote nasal et intestinal, réduisant ainsi le risque de développement de maladies respiratoires, notamment l’asthme infantile. À l’inverse, une cessation précoce de l’allaitement entraîne une acquisition prématurée de certaines espèces microbiennes associées à un risque accru de pathologies respiratoires. Ces résultats offrent de nouvelles perspectives pour la prévention des maladies respiratoires infantiles et l’optimisation des recommandations cliniques en matière d’alimentation néonatale.
Le microbiome joue un rôle clé dans le développement du système immunitaire et la protection contre les maladies respiratoires infantiles. Un microbiome équilibré, notamment au niveau intestinal et nasal, favorise une réponse immunitaire adaptée et réduit le risque d’infections respiratoires et d’affections comme l’asthme. Des facteurs tels que l’accouchement par césarienne, l’antibiothérapie précoce et l’absence d’allaitement peuvent perturber cette colonisation microbienne, augmentant ainsi le risque de maladies respiratoires. Les stratégies de prévention incluent la promotion de l’allaitement maternel, la limitation de l’usage inapproprié des antibiotiques, l’exposition progressive aux environnements naturels et l’éventuelle utilisation de probiotiques ciblés pour favoriser un microbiome protecteur.
Voici les principaux résultats de l’étude
L’étude a analysé les microbiomes nasal et intestinal de plus de 2 200 nourrissons et a identifié plusieurs éléments clés :
- Allaitement prolongé (>3 mois) : favorise une colonisation progressive du microbiome et réduit le risque d’asthme.
- Cessation précoce de l’allaitement (<3 mois) : entraine une acquisition prématurée de certaines espèces microbiennes, comme Ruminococcus gnavus, associées à un risque accru d’asthme.
- Rôle des oligosaccharides du lait maternel : ils influencent positivement la maturation microbienne et la régulation immunitaire.
- Effet médiateur du microbiome : l’impact protecteur de l’allaitement sur l’asthme passe principalement par sa régulation du microbiote.
Implications cliniques et recommandations
1. Promotion de l’allaitement maternel exclusif pendant au moins 3 mois
Les professionnels de santé doivent encourager l’allaitement exclusif pendant un minimum de 3 mois, voire jusqu’à 6 mois, conformément aux recommandations de l’OMS.
2. Soutien à l’allaitement et prévention du sevrage précoce
- Identifier et lever les freins à l’allaitement (douleurs, retour au travail, difficultés de succion, etc.).
- Former les parents sur les bénéfices à long terme de l’allaitement sur la santé respiratoire.
Conclusion
L’intégration de ces connaissances dans la pratique clinique permettrait de réduire l’incidence de l’asthme et d’autres pathologies respiratoires chez l’enfant. L’éducation parentale, le soutien à l’allaitement et l’exploration d’interventions ciblées sur le microbiome constituent des axes majeurs d’amélioration des soins pédiatriques.
source : Liat Shenhav, Kelsey Fehr, Myrtha E. Reyna, Charisse Petersen, Darlene L.Y. Dai, Ruixue Dai, Vanessa Breton, Laura Rossi, Marek Smieja, Elinor Simons, Michael A. Silverman, Maayan Levy, Lars Bode, Catherine J. Field, Jean S. Marshall, Theo J. Moraes, Piush J. Mandhane, Stuart E. Turvey, Padmaja Subbarao, Michael G. Surette, Meghan B. Azad,
Microbial colonization programs are structured by breastfeeding and guide healthy respiratory development,
Cell, Volume 187, Issue 19, 2024,
Pages 5431-5452.e20,
ISSN 0092-8674,
https://doi.org/10.1016/j.cell.2024.07.022.