Que nous apprend l’Enquête Nationale Périnatale 2021 sur l’allaitement en France ?

12 octobre 2022 | Articles thématiques
couverture du rapport de l'Enquête Nationale Périnatale 2021

Résultats de la 6e Enquête Nationale Périnatale, menée en 2021 par l’INSERM

Les Enquêtes Nationales Périnatales (ENP) recueillent des informations sur l’état de santé des mères et des nouveau-nés, les pratiques médicales pendant la grossesse et l’accouchement et les caractéristiques démographiques et sociales des femmes et des familles. Elles sont répétées environ tous les 5 ans depuis 30 ans, sur une semaine en maternité, et avec pour la première fois cette année un suivi à deux mois, et portent sur environ 13 000 à 15 000 nouveau-nés selon les années. En 2021, l’enquête a porté sur sur 13 631 naissances auprès de 13 404 femmes.

Ces enquêtes permettent de fournir des indicateurs sur la santé des mères et des nouveau-nés, les pratiques médicales et les facteurs de risque pour surveiller l’évolution de la santé périnatale en France, ainsi que des informations sur des questions particulières, pour aider à la décision et à l’évaluation des actions de santé dans le champ de la périnatalité.

Nous faisons le point sur les données concernant l’allaitement maternel.

En résumé

Le taux d’allaitement maternel lors du séjour à la maternité n’a que peu augmenté depuis la précédente enquête ; 56,3% des femmes allaitent exclusivement leur enfant en 2021 contre 54,6% en 2016 et elles sont 13,4% à réaliser un allaitement mixte contre 12,5% en 2016. Ce mode d’allaitement effectif est en deçà du mode d’allaitement initialement choisi, puisqu’avant l’accouchement elles étaient 64,8% à souhaiter un allaitement exclusif et 8,5% un allaitement mixte.

Le taux d’allaitement à 2 mois est bas ; 34,4% des femmes allaitent exclusivement leur enfant, 19,8% réalisent un allaitement mixte et 45,8% des femmes nourrissent leur enfant avec du lait 1er âge du commerce.

Les maternités ont renforcé la présence de personnes référentes en allaitement maternel. En revanche, le temps dédié à cette activité est le plus souvent partiel.

Comment ça se passe en établissement

En maternité

Deux tiers des femmes ont déclaré avoir choisi le mode d’alimentation de leur enfant avant la grossesse et un tiers pendant la grossesse. Le mode d’alimentation choisi était préférentiellement l’allaitement maternel (64,8%) puis le lait 1er âge du commerce (26,7%) et enfin l’allaitement mixte (8,5%). Les femmes qui avaient choisi l’allaitement maternel envisageaient le plus souvent d’allaiter le plus longtemps possible ou entre 1 et 6 mois (Tableau 46). La part des femmes ayant essayé une mise au sein dans les deux premières heures de vie de l’enfant est en légère augmentation, passant de 65,7% en 2016 à 69,4% en 2021 (Tableau 46).
Le taux d’allaitement maternel au moment de l’entretien n’a que peu augmenté depuis la précédente enquête ; 56,3% des femmes allaitaient exclusivement leur enfant à la maternité en 2021 contre 54,6% en 2016 et elles étaient 13,4% à réaliser un allaitement mixte contre 12,5% en 2016 (Tableau 46).

Le taux d’allaitement maternel exclusif reste faible en comparaison des autres pays européens (Euro-Peristat, 2016).
Il est cependant à mettre en regard avec le pourcentage des femmes ayant exprimé le choix de l’allaitement maternel exclusif ou mixte avant la naissance.

La présence dans le service d’au moins une personne référente en allaitement a significativement augmenté entre 2016 et 2021 passant de 67,3% à 75,9% (Tableau 98a). Cette augmentation a essentiellement eu lieu dans les maternités de type I passant de 54,3 à 68,2% entre les deux éditions. Cette tendance se retrouve également selon le nombre d’accouchements annuels puisque ce sont les structures de moins de 1500 accouchements par an qui ont le plus développé ce dispositif de personne référente en allaitement (Tableau 98b).

Dans 65,0% des établissements, le temps dédié à cette activité de référente en allaitement est partiel. Seulement 4,1% des maternités disposent d’un temps complet dédié à cette activité. Les maternités de type III sont celles qui ont le plus développé cette offre avec 16,7% de temps complet. Dans 68,5% des maternités, la personne référente en allaitement propose des réunions d’équipes pour tenter d’uniformiser les pratiques. Plus le type est élevé, plus les maternités organisent des réunions d’équipe. Selon la taille des structures, au moins 60% des maternités animent des réunions d’équipe à ce sujet.

Le suivi possible avec cette personne référente en allaitement après la sortie de la maternité a diminué entre 2016 et 2021 passant de 83,2% à 75,5% (Tableau 98a). Cette diminution est plus marquée dans les maternités de type III où le suivi possible diminue de 12 points passant de plus de 80,0% en 2016 à 68,5% en 2021.

En 2021, près d’une maternité sur deux déclare des liens avec le lactarium. Plus le type d’autorisation de la maternité est élevé, plus les liens sont importants passant de 26,6% pour les types I à plus de 91% pour les types III. Plus la maternité est de taille importante, plus les liens avec le lactarium sont élevés, de 15,7% pour les moins de 500 accouchements annuels à 84,0% pour les plus de 3500. En 2021, 65,1% des maternités déclarent informer les femmes de la possibilité de faire don de leur lait au lactarium (Tableau 98a). Plus le type d’autorisation est élevé, plus cette information est diffusée aux femmes : 57,1% dans les maternités de type I contre 85,0% dans les maternités de type III. La taille de la structure influence également l’information aux femmes. Parmi les maternités de moins de 500 accouchements annuels, 47,1% déclarent informer les femmes. Plus la maternité est grande, plus les femmes sont informées.

En maison de naissance

Quatre maisons de naissance informent les femmes sur la possibilité du don de lait (Tableau 102).

Cinq structures déclarent disposer d’une référente en allaitement maternel. Quatre déclarent que la référente a une formation spécifique en allaitement maternel, qu’elle consacre un temps partiel de son activité à l’encadrement de l’allaitement maternel et qu’elle anime des réunions d’équipe pour tenter d’harmoniser les pratiques. Trois maisons de naissance déclarent que les femmes peuvent contacter la référente après la sortie, qui est à considérer comme la fin du suivi global (environ 12 jours post-partum) pour les maisons de naissance.

Comment ça se passe deux mois après la naissance

Parmi les femmes ayant initié un allaitement maternel (74,2% des femmes), seules 38,4% pratiquent un allaitement exclusif à deux mois et 30,2% déclarent avoir reçu un soutien par des professionnels de santé pour des problèmes liés à leur allaitement depuis la sortie de la maternité. Ce soutien a été apporté soit lors de visites à domicile (72,2%), soit lors des consultations (62,9%), soit par téléphone (30,1%). Elles sont cependant 16,8% à déclarer ne pas avoir reçu de soutien alors que cela aurait été utile (Tableau 81). Parmi les femmes ayant arrêté l’allaitement maternel, 27,7% ont arrêté dans les sept premiers jours de vie de leur enfant, 28,2% entre 8 et 21 jours, 32,2% entre 22 et 45 jours et 11,9% au-delà de 45 jours. A 2 mois, les femmes sont 34,4% à allaiter exclusivement, 19,8% à réaliser un allaitement mixte et 45,8% à donner du lait premier âge du commerce.

A noter que lorsqu’on interroge les femmes sur leur santé psychique et sur les sources de difficultés ressenties depuis leur retour à domicile, un allaitement maternel parfois compliqué est évoqué par 48,7% des femmes (Tableau 74). Les données de l’enquête EPIFANE, enquête ancillaire de l’ENP 2021 réalisée par Santé publique France, avec un suivi des femmes et des enfants pendant un an, permettra d’explorer l’évolution des modalités d’alimentation des enfants durant la 1ère année de vie ainsi que les difficultés rencontrées dans la mise en place de l’allaitement maternel.

Comment ça se passe sur le territoire :

La proportion de nouveau-nés allaités à la maternité (allaitement maternel exclusif ou mixte) varie de manière très importante entre les régions. La part des nouveau-nés allaités est significativement inférieure au taux national dans les Hauts-de-France (57,8%), en Normandie (58,4%), dans les Pays de la Loire (61,2%) et en Bretagne (62,7%) (Tableau 64). La région où le taux d’allaitement maternel est le plus élevé est la région Île-de-France (81,2%).

Dans les Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM), les taux d’allaitement exclusif sont comparables à la métropole (entre 53% et61%), sauf à Mayotte (80,5%) et en Martinique (76,6%) où le taux d’allaitement exclusif est significativement plus élevé qu’en métropole. A noter qu’il faut attendre la publication des rapports d’extension de l’ENP pour plus de détails sur les DROM.

 

 

Région Taux d’allaitement maternel (exclusif ou mixte) 2021 Taux d’allaitement maternel (exclusif ou mixte) 2016
Métropole 69,7% 66,7%
Auvergne-Rhône-Alpes 72,2% 71,1%
Bourgogne-France-Comté 67,5% 65,7%
Bretagne 62,7% 57,8%
Centre-Val de Loire 64,5% 64,8%
Corse 64,9% 71,5%
Grand Est 66,2% 61,1%
Hauts-de-France 57,8% 53,4%
Ile-de-France 81,2% 76,9%
Normandie 58,4% 61,9%
Nouvelle-Aquitaine 68,1% 62,0%
Occitanie 67,5% 69,3%
Provence-Alpes-Côte d’Azur 73,0% 72,1%
Pays de la Loire 61,2% 58,2%
Départements et Région d’Outre-Mer 89,9% 83,3%

 

INSERM, DREES. Enquête nationale périnatale. Rapport 2021 : les naissances, le suivi à deux mois et les établissements. Situation et évolution depuis 2016. Octobre 2022.

Pour aller plus loin  :

Publié par : JC, Documentaliste IPA.

Mots clés : , , , , ,

Articles en lien

  • Le guide de l’allaitement maternel – mise à jour 2023

    Santé Publique France actualise son guide sur la pratique et l’accompagnement à l’allaitement maternel Publié initialement en 2009, ce guide […]

    Lire la suite >
  • Initiation de l’allaitement : tendances et disparités en France

    Résultats des Enquêtes Nationales Périnatales entre 2010 et 2016 : des taux d’initiation de l’allaitement en baisse Une étude menée […]

    Lire la suite >
  • IHAB – Résultats liés à l’allaitement maternel chez les mères infectées par la Covid-19 au cours des premières semaines de la pandémie en Espagne

    Les incertitudes au cours des premiers mois de la pandémie ont conduit à des décisions sur la prise en charge […]

    Lire la suite >