Soutien aux mères allaitantes en bonne santé avec des bébés nés à terme et en bonne santé
Mise à jour de la revue Cochrane qui cherche à déterminer si le fait d’offrir un soutien organisé supplémentaire aux mères allaitantes les encouragerait à poursuivre l’allaitement, par rapport aux soins maternels standard.
Une équipe de recherche s’est intéressée au soutien apporté par des professionnels de santé, notamment des sages‐femmes, des infirmiers et des médecins, ou par des travailleurs non professionnels formés, tels que des agents de santé communautaires et des bénévoles.
Cette revue est une mise à jour d’une revue systématique publiée pour la première fois en 2002, actualisée en 2007 et 2012, et pour la dernière fois en 2017. Chaque mise à jour permet de renforcer les données probantes concernant le soutien aux mères allaitantes, et affiner de plus en plus l’analyse de certains aspects de ces interventions selon les recherches les plus récentes.
Objectifs de la revue
- Décrire les types de soutien aux mères allaitantes en bonne santé avec des bébés nés à terme et en bonne santé.
- Examiner l’efficacité de différents types de soutien à l’allaitement, notamment s’ils offrent un soutien spécifique à l’allaitement ou si le soutien englobe l’allaitement ainsi que la santé maternelle et infantile en général (soutien « allaitement plus »).
- Examiner l’efficacité des caractéristiques suivantes de l’intervention de soutien à l’allaitement :
- Le type de soutien (par exemple, face à face, téléphone, technologies numériques, en groupe ou individuel, proactif ou réactif) ;
- La fréquence du suivi (i.e. nombre de rendez‐vous de suivi post‐natals);
- La personne qui réalise l’intervention (comme un professionnel de santé, un aidant non professionnel) ;
- Examiner si l’impact du soutien varie entre les pays à revenu élevé et ceux à revenu faible et intermédiaire.
Quelles données probantes ont été trouvées ?
Les données probantes ont été évaluées le 11 mai 2021. Cette revue actualisée comprend désormais 116 études contrôlées randomisées, dont 103 essais ayant contribué aux analyses, provenant de 42 pays et impliquant 98 816 femmes et leurs bébés. Environ 55 % des femmes étaient originaires de pays à revenu élevé, 37 % de pays à revenu intermédiaire et 8 % de pays à faible revenu.
Dans cette mise à jour de la revue, les interventions ont été regroupées en deux catégories différentes. Le premier groupe, « soutien spécifique à l’allaitement », était constitué d’interventions de soutien uniquement à l’allaitement. Dans le second groupe, « allaitement plus », le soutien à l’allaitement faisait partie d’une intervention plus large qui visait également à apporter d’autres bénéfices en matière de la santé pour la mère ou son enfant (par exemple, les vaccinations, les soins du nouveau‐né).
Dans l’ensemble, ces essais ont montré que les femmes ayant bénéficié d’une intervention de « soutien spécifique à l’allaitement » étaient moins susceptibles d’arrêter l’allaitement exclusif, à tout moment jusqu’à six mois inclus.
L’effet était plus important entre 4‐6 semaines et à 3‐4 mois où l’étude estime que 17 % et 19 % de femmes en moins arrêteraient probablement l’allaitement exclusif. L’effet était plus faible à six mois, où l’étude estime que 10 % de femmes en moins arrêteraient probablement l’allaitement exclusif.
Les données probantes suggèrent également que les femmes bénéficiant d’un « soutien spécifique à l’allaitement » étaient probablement moins susceptibles d’arrêter tout type d’allaitement maternel à des périodes allant jusqu’à six mois inclus.
Là encore, l’effet était le plus important entre 4‐6 semaines et 3‐4 mois, où l’étude estime que 12 % et 13 % de femmes en moins arrêteraient probablement tout type d’allaitement. À six mois, l’étude estime que 7 % de femmes en moins arrêteraient probablement d’allaiter. Il n’y avait pas assez d’études pour déterminer si les interventions de soutien à l’allaitement maternel seul réduiraient le nombre de femmes arrêtant tout type d’allaitement à neuf ou douze mois.
Pour les femmes ayant bénéficié des interventions « allaitement plus », les données probantes sont moins claires. Les femmes bénéficiant d’un soutien « allaitement plus » seraient 27 % moins susceptibles d’arrêter l’allaitement exclusif après 4 à 6 semaines (données probantes d’un niveau de confiance très faible). De même, les données probantes suggèrent que 21 % de femmes en moins arrêteraient l’allaitement exclusif à six mois. L’effet sur l’allaitement est plus faible, puisque l’étude estime que 6 % de femmes en moins ont probablement arrêté tout type d’allaitement à six mois. Il n’est pas clair si les interventions « allaitement plus » réduisent le nombre de femmes qui arrêtent tout type d’allaitement ou l’allaitement exclusif aux autres moments examinés.
Il n’existe pas de données probantes claires sur les facteurs qui pourraient aider les femmes à allaiter plus longtemps. Cependant, un programme spécifique de quatre à huit prise de contact contribuerait à augmenter le nombre de femmes allaitant exclusivement à 4‐6 semaines ou à six mois lorsqu’elles bénéficient d’une intervention de « soutien spécifique à l’allaitement ».
Pour le « soutien spécifique à l’allaitement », la revue a déterminé que les données probantes étaient globalement d’un niveau de confiance modéré. Cela signifie que l’équipe de recherche est modérément confiante dans ses conclusions. Pour les interventions de soutien « allaitement plus », la qualité des données probantes était plus mitigée et le niveau de confiance variait de très faible à modéré.
Qu’est‐ce que cela signifie ?
En offrant aux femmes un soutien supplémentaire organisé, on les encourage à allaiter leur bébé plus longtemps. Le soutien à l’allaitement serait plus efficace s’il est composé de 4 à 8 visites programmées. Il n’y aurait pas de différence concernant la personne apportant le soutien (c’est‐à‐dire professionnel ou non professionnel) ou la forme du soutien (en face à face, par téléphone, par des technologies numériques ou une combinaison de celles‐ci). En effet, différents types de soutien seraient nécessaires pour pouvoir répondre aux besoins des mères en fonction du lieu géographique. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour identifier les composantes des interventions efficaces et pour mettre en place des interventions à plus grande échelle.
Gavine A, Shinwell SC, Buchanan P, et al. Support for healthy breastfeeding mothers with healthy term babies. Cochrane Database of Systematic Reviews 2022, Issue 10. Art. No.: CD001141. DOI: 10.1002/14651858.CD001141.pub6.
Pour aller plus loin…
- L’Entretien Postnatal Précoce : préconisations du Collège National des Sages-Femmes
- Présentation d’un guide pratique pour les professionnels de santé concernant le soutien à l’allaitement
- Projet de santé IPA : Groupe de soutien Lait Mam’s : accompagnantes à l’allaitement
- Efficacité des interventions éducatives et de soutien à l’allaitement maternel chez les mères primipares
- Soutenir les femmes allaitantes: un guide pour les apprentis
- Influence des interventions éducatives sur l’engorgement mammaire et l’allaitement maternel exclusif
- IHAB recommandation 10 : Associations de soutien à l’allaitement et Réseau allaitement
Publié par : JC, Documentaliste IPA.
Mots clés : soutien